Médiations aquatiques

 

 

 

LA SYMBOLIQUE DE L'EAU : Mythes, contes et récits - Citations et proverbes - Poésies - Chansons

 

River in spate – Fleuve en crue

The river falls and over the walls the coffins of
cold funerals
Slide deep and sleep there in the close tomb of
the pool,
And yellow waters lave the grave and pebbles
pave its mortuary
And the river horses vault and plunge with their
assault and battery,
And helter-skelter the coffins come and the
drums beat and the waters flow,
And the panther horses lift their hooves and paw
and shift and draw the bier,
The corpses blink in the rush of the river, and out
of the water their chins they tip
And quaff the gush and lip the draught and crook
their heads and crow,
Drowned and drunk with the cataract that carries
them and buries them
And silts them over and covers them and lilts and
chuckles over their bones;
The organ-tones that the winds raise will never
pierce the water ways,
So all they will hear is the fall of hooves and the
distant shake of harness,
And the beat of the bells on the horses' heads
and the undertaker's laughter,
And the murmur that will lose its strength and blur
at length to quietness,
And afterwards the minute heard descending,
never ending heard,
And then the minute after and the minute after
the minute after.

Louis MACNEICE (1907-1963)

 

La rivière tombe et sur les murs les cercueils de
froides funérailles
Glissent lourdement et reposent là dans la tombe
du bassin,
Et des eaux jaunes lavent la tombe et des galets
pavent la morgue
Et les chevaux-rivières se cabrent et plongent
avec coups et blessures,
Et pêle-mêle les cercueils circulent et les
tambours battent et les eaux s'écoulent,
Et les chevaux-panthères lèvent leurs sabots et
grattent et poussent et tirent la bière,
Les cadavres clignent des yeux sous la ruée des
eaux et pointent leurs mentons hors de l'eau
Et avalent la gorgée et engorgent le trait et
recourbent leurs têtes et crient cocorico,
Noyés et ivres de la cataracte qui les emporte et
les enterre
Et les envase et les recouvre et fredonne et rit
sous cape par-dessus leurs os,
Les sons d'orgue que soulève le vent ne percent
jamais les voies d'eau,
Si bien que tout ce qu'ils entendent est la chute
des sabots et le harnais secoué au loin,
Et le battement des cloches sur les têtes des
chevaux et le rire du croque-mort,
Et le murmure qui perdra sa force et deviendra
enfin silence,
Et la minute après cela que l'on entend décroître,
à n'en plus finir,
Puis la minute suivante et celle qui suit
la minute d'après.

 


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Les médiations aquatiques, un ailleurs de soi - Anne Luigi-Duggan